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LE PALAIS ROUGE

laisser le sort du plus grand empire d’Europe aux mains d’un insensé.

— Voilà de dangereuses paroles, colonel.

— Au cas où vous seriez un traître, Argamakoff.

— Il me semble que vous méritez ce reproche plus que moi.

— Jeune homme ! cria Tatarinoff en se levant.

— Je ne retire rien, reprit Argamakoff avec une fermeté glaciale.

— Que devrais-tu retirer, mon enfant ? prononça au moment même une voix tranchante, tandis qu’Argamakoff se sentait touché à l’épaule.

Terrifiés, ceux qui étaient restés assis, bondirent sur leurs pieds et, visiblement troublés, prirent une attitude militaire.

Le czar Paul était entré inaperçu et se trouvait au milieu d’eux, les toisant l’un après l’autre d’un air sournois.

— Eh bien, qu’y a-t-il ? répondez !

— Une querelle, Majesté, fit Argamakoff en se ressaisissant, une dispute bien trop insignifiante pour mériter votre intérêt.

— Et à propos de quoi, cette querelle ? Je veux le savoir, interrompit le souverain violemment.