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LE PALAIS ROUGE

— Vous parlez de l’Empereur, observa un jeune et joli officier, Argamakoff, d’un ton sonnant comme une réprimande.

— C’est de lui que je parle, reprit le colonel d’un ton calme ; quiconque a observé son attitude lors de l’arrivée de la dépêche, partagera mon opinion.

— N’est-il pas naturel que l’Empereur dont l’Angleterre a usé et abusé d’une façon aussi perfide, au moment où cette nation de marchands perd son meilleur allié, en éprouve quelque joie ? intervint le capitaine Danilewski.

— Certes, convint Tatarinoff, mais un homme raisonnable n’exprime pas ses sentiments en gambadant comme un enfant ou un possédé à travers la chambre, ni un monarque, en embrassant son adjudant.

— Je commence aussi à douter de son bon sens, opina Tschitschakoff, qui n’avait pas encore parlé. Passe encore qu’il ait inauguré son règne en mettant toute chose pour ainsi dire à l’envers, et en détruisant ce que son auguste mère, la grande Catherine, avait créé, revenant jusque dans ses vêtements aux usages anciens. Sa mère l’a maltraité et il prend sa revanche en s’efforçant d’effacer sur