Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
32
LA PANTOUFLE DE SAPHO

pira Mlle Babette, les chevaliers et les nobles brigands en agissaient ainsi ; mais, si la pantoufle manque, je suis perdue. Rendez-la-moi.

— Babette, céleste Babette, pouvez-vous être assez cruelle pour m’arracher l’objet de mon adoration ?

— Oui, je suis assez cruelle… dit-elle en souriant, le rôle de cruelle lui plaisait évidemment.

— Même, si je vous implore à genoux ?

Le jeune homme s’était jeté à ses pieds et levait la pantoufle d’un air suppliant.

— Mais, mon Dieu, que faites-vous donc ?

Au même instant, la porte s’ouvrit, on perçut un froissement de jupes, Babette poussa un cri et le Polonais, bondissant sur ses pieds, demeura comme pétrifié.

La Schrœder venait de paraître sur le seuil. Elle portait encore le bandeau tissé d’or autour de sa tête et le péplum blanc de Sapho. Elle n’avait quitté que son manteau, le remplaçant par sa chaude pelisse.

Sophie se présentait la tête haute, dans toute sa majesté, ses formes opulentes et son bras robuste entourés de la sombre fourrure, comme sur l’image fameuse que nous possédons d’elle.