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BOVO

— Quelque chose de bon et de grand, répondit-il sournoisement.

— Avant de causer, vidons un verre, reprit Bologne en faisant signe à ses valets.

Puis ils s’assirent.

— Tout homme, commença Cellini, qui veut passer pour loyal et honnête doit se conduire à la manière d’un honnête homme. Je sais que vous êtes au courant de la commande du Colosse que m’a faite le Roi. Mes maquettes lui ayant plu, il me confia le travail. Ce matin, j’apprends qu’il m’est retiré en votre faveur ; or, je ne saurais souffrir que vous me dépouilliez de mon travail.

— Mais, Benvenuto, s’écria Bologne, si c’est la volonté du Roi, qu’avez-vous à y redire ? Vous y perdriez votre peine, puisque la commande m’est transmise et, dorénavant, m’appartient.

— J’en viens en quelques mots à ma conclusion, reprit Cellini. Ouvrez bien vos oreilles, la chose est sérieuse.

Bologne, voyant s’enflammer le visage de son rival et redoutant sa violence et sa brusquerie, voulut se lever.

— Restez assis, ordonna Cellini, et écoutez-moi. Je suis satisfait que vous exécutiez mon modèle,