Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/342

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
339
BOVO

puis les yeux de ces juges experts en beauté féminine se fixèrent, pleins d’admiration sur la jeune fille, qui, modestement, était restée de deux pas en arrière de ses parents.

Marguerite Barrot était en effet la plus belle créature que l’imagination d’un artiste pût concevoir. Sur son corps parfait, était posée une tête surpassant de beaucoup tout ce que Cellini avait vu parmi les sculptures antiques ou sur les toiles de ses contemporains. Sous la chevelure sombre encadrant ce merveilleux visage, et derrière de longs cils noirs, luisaient deux grands yeux de velours brun, au regard aussi intelligent qu’ingénu.

— Maître Barrot brûle du désir de faire la connaissance du plus grand artiste des temps nouveaux et d’admirer ses œuvres, dit Pépin en se tournant vers Cellini. Accordez-lui cette faveur, il la mérite mieux que tous les ducs et cardinaux qui viennent visiter vos ateliers.

— Permettez-moi d’abord de saluer en vous un artiste devant qui je dois m’incliner chapeau bas, repartit Benvenuto en s’avançant vers le libraire.

— Comment dois je l’entendre ? balbutia Barrot, gêné.