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UN NOUVEAU LÉANDRE

Il fallut enfin se dire adieu. Dubois, à plusieurs reprises, baisa la main de l’adorée, tout en pleurant à chaudes larmes. Elle s’arracha la première et reprit au galop la route de Versailles.

Il y eut de tristes jours pour la duchesse, et de plus tristes encore pour la soubrette obligée de subir son humeur désespérée.

Agrippine faisait chaque jour serment d’oublier, et éclatait en sanglot aussitôt que l’objet le plus insignifiant, un livre à moitié lu ou un jeton de domino oublié sur le marbre de la cheminée, rappelait l’absent à son souvenir.

Ninette finit par perdre patience.

— Combien de temps pensez-vous tenir cette conduite de petite fille ? demanda-t-elle à Agrippine, du ton résolu qui lui était habituel.

— Sans doute jusqu’à son retour.

— Vous n’êtes pas sage, Madame, dit la maligne chatte, le capitaine est en campagne, il ne reviendra pas avant l’hiver. Mais qu’est-ce qui vous empêche, puisque vous l’aimez tant que ça, d’aller le rejoindre ? N’est-il point de mode, en été, de se rendre au camp, comme on irait à une station balnéaire ? Il n’y a pas jusqu’aux comédiens qui ne suivent l’armée, dressant leurs tréteaux au mi-