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UN NOUVEAU LÉANDRE

riage ? et comment eût-il osé, lui, le soldat pauvre et sans nom, prétendre à la main de la plus grande dame de la cour ?

Quant à Agrippine, elle avait aimé Dubois dès le premier instant, mais était-ce à elle à le lui dire ? Elle était libre et pouvait, sans se soucier de son nom et de sa situation, s’unir à lui. Mais quel rôle jouerait-elle à partir de ce moment, dans un monde où elle était accoutumée à briller et triompher ? La duchesse de Vaudemont devenant madame Dubois ! Qu’est-ce que Dubois ? demanderait-on. Un officier du roi et un brave. Mais, mon Dieu, il en est tant, de vaillants officiers, dans les armées du roi.

Ainsi la belle Agrippine oscillait entre le dépit que Dubois ne se déclarât point, et la crainte, s’il le faisait, de devoir descendre du piédestal de sa situation.

Vint le carnaval où les fêtes de la cour rassemblaient tout ce qui portait un nom et occupait un rang, et Dubois paraissait toujours également heureux de jouer aux dominos avec Agrippine.

Un soir, la jeune femme, prise d’impatience, jeta pêle-mêle les petits jetons, en s’écriant :

— Pourquoi ne venez-vous pas aux fêtes de la