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UN NOUVEAU LÉANDRE

Tandis que le capitaine ouvrait la lettre, Benjamin s’emparait de la clé qui en était tombée et, ouvrant la valise, en tirait avec une exclamation de joie un superbe uniforme tout neuf.

— Que fais-tu là ? cria le capitaine, tu vas remettre tout de suite ces objets à leur place.

— Ils ne sont pas à nous ? s’étonna le serviteur.

— C’est un nouvel affront, repartit Dubois. Cette lettre vient de la duchesse de Vaudemont, la belle dame qui s’est moquée de moi. Elle m’invite à une chasse à son château, sans doute pour faire de moi la risée de ses hôtes et, pour mettre le comble à ma honte, m’envoie un uniforme neuf.

— Je ne vois point là de honte, repartit l’honnête Benjamin, n’est-ce point la coutume des cavaliers qui servent dans l’armée et surtout de ceux qui sont pauvres, de recevoir du roi, des princes, des princesses et des nobles dames, des cadeaux, voire même de l’argent. J’en conclus que nous ferons bien d’aller à la chasse et de conserver l’uniforme.

— Et moi je te dis que nous n’irons pas à la chasse et que nous rendrons l’uniforme.

Benjamin poussa un profond soupir, emballa