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UN NOUVEAU LÉANDRE

ran de son régiment et qui avait reçu autant de balles que le drapeau.

— On a ri de moi, s’écria Dubois, on a ri, oui ri, mon ami.

— Et qui a osé ? fit Benjamin, dont les joues s’empourprèrent. On va le provoquer, le misérable !

— Hélas, voilà ! Je suis forcé de subir l’offense, continua le capitaine en versant des larmes de honte, c’est une femme qui me l’a infligée et une femme si belle qu’on est obligé de l’aimer.

— Et de quoi a-t-elle ri ?

— De mon uniforme, de mon mauvais uniforme, honnête Benjamin.

— C’est à ne pas y croire, murmura le vieux soldat en tirant la tunique de dessous le fauteuil et en la retournant de tous côtés. Je l’avais pourtant si magnifiquement rapiécée.

Quelques jours après cet incident, parut dans la modeste demeure du capitaine et en l’absence de celui-ci, un chasseur de grande maison, superbement vêtu et galonné, lequel remit à Benjamin un billet parfumé et une petite valise soigneusement fermée. Le brave Benjamin poussa un soupir de soulagement en voyant revenir son maître. La curiosité l’étouffait.