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UN NOUVEAU LÉANDRE

la duchesse s’enquit de son nom. Bien que le duc de Bourbon, commandant honoraire de l’armée de Vendôme, fût dans l’impossibilité de connaître le nom de chacun de ses officiers, il se trouva à même de satisfaire la curiosité de sa belle amie.

— C’est le capitaine Dubois, dit-il, un brave que toute l’armée connaît.

Le hasard voulut que le capitaine, qui, conscient de son piteux costume, regardait droit devant lui, levât les yeux à ce moment précis, sur la belle jeune femme, et fût vaincu par sa beauté plus vite qu’il n’eût convenu à un si intrépide combattant. Mais que vit-il ? que dut-il constater ? La duchesse dérobant son visage sous son mouchoir.

— Elle a assez d’éducation pour s’en cacher, mais elle a ri de moi, murmura le capitaine en se mordant les lèvres, et deux larmes de dépit jaillirent de ses yeux.

Rentré chez lui, Dubois déboucla son épée, arracha son uniforme et le lança avec humeur sur un fauteuil. Puis il marcha fiévreusement, de long en large, dans la chambre.

— Que s’est-il passé, capitaine, quelqu’un vous aurait-il offensé ? risqua le fidèle Benjamin, vété-