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LOUP ET LOUVE

— Étant reconnu par la cour que Peire Vidal a fait la preuve parfaite de son amour, Loba de Penautier a le devoir de lui donner la récompense promise et que la rare fidélité et le dévouement du chanteur lui ont méritée.

La louve sourit. Souriante, elle avança vers Peire Vidal et lui tendit, devant tous, ses lèvres roses à baiser.

Le même jour, quatre jeunes filles, vêtues de soie blanche et couronnées de roses, conduisirent le troubadour à la chambre de la louve, qui trônait comme une sultane, entourée d’hermine, sur des coussins de soie.

— Prenez, lui dit-elle, ce qui depuis longtemps, vous appartient, dit la jeune femme avec un rayonnant et bienveillant sourire. Je suis vôtre pour toujours.

— Non pas, ma suzeraine, repartit le troubadour, qui se laissa tomber à genoux en un geste d’adoration, tu ne m’aimes pas, tu en aimes un autre ; or, l’amour seul peut exiger de l’amour l’enchantement suprême de la vie.

— Tu te trompes, Peire Vidal, s’écria la louve, l’homme que j’aimais a perdu mon amour au moment même où te voyant sans défense, il s’apprêtait à te tuer sournoisement. Je ne l’aime plus ; c’est toi