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LOUP ET LOUVE

— Privol, cher ami, cria le troubadour, dites-leur, je vous prie, que je ne suis pas un loup-garou, mais Peire Vidal, le chanteur.

Le pâtre, en apercevant le vieil adorateur de la louve, partit d’abord d’un formidable éclat de rire. Mais dès qu’il se fut rendu compte de son état lamentable, il expliqua les choses au jeune couple dont l’ardeur belliqueuse et sanguinaire se transforma en profonde pitié. Adalasie alla quérir de l’eau, posa la tête du blessé sur ses genoux et baigna ses plaies. Pendant ce temps, les deux bergers faisaient, avec des branches, une civière. Ils y étendirent Vidal et le portèrent à la grotte de l’ermite, renommé comme guérisseur, dans toute la montagne.

Lorsqu’ils eurent déposé leur fardeau à l’entrée de la caverne, Aimeric en sortit et leur dit :

— Portez-le à l’intérieur.

Il avait préparé dans son antre, avec de la mousse et des herbes, une deuxième couche.

— Je m’y attendais, soupira-t-il en débarrassant Vidal de la peau de loup, il n’est point d’herbes ni de racines contre l’amour. Du moins, je n’en connais point, pourtant je connais toutes les plantes