Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/268

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
265
LOUP ET LOUVE

zaine de bergers campaient autour d’un feu, tandis que leurs moutons paissaient non loin de là. Oubliant complètement son masque lupin, il sortit du fourré et entra dans le cercle, avec son élégance accoutumée. Les gardiens ne l’aperçurent que lorsqu’il se trouva devant le feu. Pris d’une terreur indicible, ils se mirent tous à la fois à crier, et, tombant les uns sur les autres, dégringolèrent le long du talus. Vidal en rit de bon cœur. Enchanté du succès obtenu, il continua sa route. Son intention était de rendre visite à Folquet et à Adalasie. C’est pourquoi, il monta au plateau où il les avait rencontrés. Ils s’y trouvaient, en effet, campés avec leurs moutons et occupés autour d’un feu, à préparer leur repas.

Cette fois, Vidal approcha lentement en marchant à quatre pattes et s’arrêta de l’autre côté du ruisseau, sur une pente que la lumière crue de la flamme et celle, plus douce, de la lune éclairaient également. Folquet soufflait dans un chalumeau et exécutait des bonds qui eussent fait honneur aux jambes d’un chèvre-pied, tandis que la jolie bergère était active auprès du foyer.

Soudain, Judas, le grand chien de Folquet, se mit à aboyer, et le pâtre, levant les yeux, cria :