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LOUP ET LOUVE

perbe de maître Isengrin et Vidal en opéra l’achat moyennant quelques piécettes de menue monnaie. Puis il se dévêtit dans la hutte même du vieux, ôta ses magnifiques habits et se fit coudre dans la peau de l’animal. Quand Privol eut terminé son étrange besogne, il considéra le troubadour en se tenant les côtes, tant il riait.

— Si, jamais, dit-il, je vous rencontre ainsi, noble seigneur, par saint Pierre, je vous octroie un tel coup de massue, que rien en ce monde ne pourra plus vous faire de mal.

— J’ai donc l’air d’un vrai loup ? questionna Vidal en paradant devant le vieux avec une évidente satisfaction.

— Absolument, confirma Privol. Maintenant, essayez un peu de marcher à quatre pattes et de hurler comme un loup hurle.

Vidal ne se le fit pas redire. Il se laissa tomber sur les mains et fit mille tours dans la cabane. Puis, s’asseyant sur son derrière, il commença à hurler lamentablement, à la grande joie du berger. Privol, qui connaissait parfaitement les us et coutumes de la gente louve, se mit à imiter à son tour, de manière à s’y méprendre, l’appel des loups dans la forêt, et Vidal s’exerça à apprendre de lui.