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LOUP ET LOUVE

— C’est mon sérieux, mon plus grand sérieux, comme gage je vous donne un baiser.

D’un brusque mouvement, elle effleura ses lèvres, et retourna précipitamment vers ses femmes.

L’après-midi, Vidal arriva en un magnifique attirail, accompagné de son jongleur, et demanda audience. Loba le reçut dans sa chambre, l’invitant à s’asseoir auprès d’elle, sur des coussins, devant la cheminée. Vidal lui parla amour et Loba l’écouta avec une patience dont seule une femme coquette, en pareille circonstance, est capable.

— Permettez-moi, fit-il en terminant, de commencer mon service. Traitez-moi comme le dernier de vos valets, mais laissez-moi le bonheur de votre présence.

— Vous prétendez m’aimer, repartit la cruelle en allant droit à son but, mais possédez-vous le courage qu’il faut pour oser prétendre à mes faveurs ?

— Mettez-moi à l’épreuve.

— C’est mon intention. Vous connaissez mes manières sauvages. Il est temps encore de vous retirer. Un loup seul peut prétendre à la louve.

— Je suis prêt à tout, déclara le troubadour.

— En ce cas, dit Loba d’un ton ferme et mena-