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LOUP ET LOUVE

teurs et les musiciens qui demeurent avec les riches seigneurs et les belles dames dans les châteaux.

— Ah vous avez aussi un luth ! s’écria Adalasie. Jouez-nous quelque chose, nous danserons.

Vidal ne se le fit pas dire deux fois. Il s’assit au bord d’un ruisseau, parmi les fleurs, et joua des rondes populaires. On eût cru entendre de gais chalumeaux et des cornemuses souffler en même temps. Les deux enfants tournèrent en rond et, de temps en temps, Folquet poussait un cri joyeux, comme une alouette s’élevant des champs vers le ciel bleu.

Tout à coup, une étrange figure sortit du fourré qui encadrait la prairie ; un vieillard décharné, vêtu de haillons bruns, à la barbe et aux cheveux incultes, s’appuyait sur un tronc d’arbre déraciné auxquels des feuilles étaient restées. Il tenait à la main un petit panier en écorce, rempli d’herbes et de racines, de baies et de champignons. Il s’arrêta pendant quelques instants et regarda le couple danser.

— Pensez au néant de toute chose terrestre, commença-t-il d’une voix rauque, et ne provoquez pas le jugement par votre turbulence et votre joie