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LOUP ET LOUVE

— Sans doute, vous vous aimez bien et vous êtes heureux, leur dit Peire Vidal. Comment vous appelez-vous ?

— J’ai nom Folquet et celle-là s’appelle Adalasie, répondit le pâtre sans se laisser intimider. Pour l’amour, ça peut aller, mais pour ce qui est du bonheur, ça ne va guère, bien que je me donne toute la peine du monde pour lever un trésor ou, au moins, déterrer quelques florins d’or romain.

Vidal hocha la tête.

— Qui possède le bonheur ne l’estime jamais à sa valeur. Vous ignorez le trésor que vous portez en vous.

Les deux enfants de la forêt se regardèrent avec stupéfaction, un rire bête passa sur le joli visage de Folquet, et Adalasie prit un air plus niais encore.

— Oui, peut-être ben, si cela vous plaît, sire chevalier, fut tout ce que le jeune garçon trouva à répondre.

Je ne suis pas chevalier, repartit Vidal.

— Quoi donc alors ? Vous avez pourtant une épée.

— Je suis troubadour.

— Ah oui, c’est ainsi qu’on nomme les chan-