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LOUP ET LOUVE

Un grand chien, au poil ébouriffé, les surveillait et clignait des yeux vers le troubadour, avec un regard défiant de loup, tandis que le pâtre, un jeûne et joli gamin à cheveux roux, dormait sur les genoux de sa bergère. Quand celle-ci aperçut l’étranger brillamment vêtu, elle asséna un coup de poing à son ami, en lui criant aux oreilles :

— Lève-toi, eh ! Folquet, il y a quelqu’un.

— Qui ? un loup ? demanda l’autre tout engourdi.

— Non, point de loup, mais un homme.

— Si ce n’est pas un loup, je me rendors, opina Folquet.

Mais la jolie bergère le tira si longtemps par ses boucles embroussaillées, qu’il finit par se dresser sur ses genoux et, après s’être convenablement étiré, par bondir sur ses pieds.

— C’est un beau cavalier qui vient à nous, lui dit tout bas la bergère. Il faut le saluer.

— Oui, c’est ce que nous allons faire, repartit Folquet en brandissant sa houlette, dont la ressemblance avec une crosse d’évêque ne pouvait être niée.

Sur ces entrefaites, Vidal s’était rapproché, sa-