Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/239

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
236
LOUP ET LOUVE

alerte que tous, poussée par le désir de se venger ouvertement de l’affront, se sentait des ailes aux doigts. En quelques minutes, elle avait terminé sa couronne et s’approcha de Raimond qui, s’inclinant avec un sourire moitié confus moitié moqueur, s’attendait à recevoir l’hommage. Mais Loba, le toisant, marcha droit à Roussillon et posa sur ses longues boucles noires, la magnifique couronne. Le jeune homme, ravi, mit un genou en terre et baisa, reconnaissant, l’ourlet éblouissant de sa robe.

Tous les yeux se tournèrent vers Raimond dont les lèvres avaient pâli. Mais il reprit contenance et, fredonnant un air gai, continua de tresser la guirlande commencée.

Déjà, toutes les jeunes dames avaient paré leurs chevaliers et étaient, elles-mêmes, fleuries, quand le troubadour, qui depuis longtemps avait terminé sa couronne, la tenait encore à la main.

— Eh bien, Raimond, fit Loba d’un air de défi, toutes les dames sont parées, je ne vois plus de chevelure libre pour recevoir votre couronne. Essayez votre chance, déposez-la à mes pieds, peut-être daignerai-je la ramasser ?

Le troubadour se sentit pris d’un vertige. Il lui