Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
230
LOUP ET LOUVE

montait l’haleine enivrante des roses. Le hêtre, de temps à autre, mugissait puissamment, accompagnant le bruissement du jet d’eau et le rossignol sanglotant dans les buissons. Soudain, un vent passa dans les branches du hêtre, comme si une violente tempête allait en éparpiller toutes les feuilles, et il sembla que le vieil arbre frappait de ses branches contre le volet, qui rendit un son sourd.

La louve ouvrit. Le gracieux et hardi visage de Raimond parut à la fenêtre.

— Venez, chuchota-t-elle.

Le troubadour voulut passer par la fenêtre, elle était trop petite.

— Ne vous êtes vous pas encore assez moquée de moi ? s’écria-t-il.

— Prenez patience, reprit-elle, si vous ne pouvez entrer, c’est moi qui irai à vous.

Elle referma le volet et le troubadour descendit de l’arbre. Au bout de peu d’instants, il vit la robe bordée d’hermine de la châtelaine briller derrière le treillis des vignes. Ses pas, comme irrités, crissaient sur le sable. Elle le salua d’un rapide baiser et l’entraîna sous la charmille.

Nul ne la vit, nul ne l’entendit. Seule, la lune,