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LOUP ET LOUVE

— Je veux bien le croire, mais je désire toucher le prix en toute réalité.

» Quand les déesses se disputèrent, elles élurent Pâris, prince de Troie, pour juge, et Pâris offrit la pomme à dame Vénus, en signe de victoire. Apportez-moi la pomme et je croirai à votre amour.

— Vous raillez ?

— Cueillez-moi la lune au ciel et je ferai plus, je vous aimerai, poursuivit Loba. Apportez-moi les clés saintes du Graal, de la montagne du Montsalvat, et je serai à vous.

— Vous demandez l’impossible, soupira Foix. Vous ne voulez donc qu’une chose, me refuser la lumière de votre regard ?

— Eh bien, je vous demanderai le possible, fit la louve avec vivacité, une épreuve qu’un vaillant comme vous pourra bien soutenir. Armez-vous de la croix, allez en Terre sainte et délivrez le Saint-Sépulcre des mains des infidèles. Alors je serai vôtre. Pas un mot d’amour avant ; je vous défends même de soupirer en ma présence ou de fixer les yeux sur moi plus souvent que sur n’importe quelle autre dame.

— Vous êtes cruelle, Loba.

— Je suis cruelle parce que je ne vous aime pas,