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LOUP ET LOUVE

son impudente beauté attira et retint son attention, et il enjamba les marches, afin de lui parler.

— Moi aussi, lui dit-il, je vais bientôt partir, à l’instar du jongleur et de son âne, avec la différence qu’en moi poète et âne ne feront qu’un.

— Comment cela ? interrogea Delphine, en poussant davantage le volet de sa fenêtre et en montrant les rangées blanches de ses dents.

— Ma dame m’a trompé, elle a joué avec moi un jeu infâme.

— Loba ?

— Elle a donné son gant au comte de Foix, comme gage d’amour. Il est secrètement à son service, et, à l’assaut du fort de Vénus, elle s’est laissée prendre et embrasser par lui.

— Quel crime ! railla la truande.

— Je quitte aujourd’hui même le château, poursuivit le poète, mais ce ne sera pas pour son plaisir. Mes vers ne sont pas émoussés comme leurs lances de tournois, et me vengeront de l’infidèle.

— Je sais un châtiment bien meilleur, insinua Delphine.

— Lequel ?

— Rester ici, faire semblant de ne rien voir de