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LOUP ET LOUVE

des appels, des cris de joie et de combat accompagnaient chaque tentative. Les dames inondaient les assaillants du contenu de leurs corbeilles consistant en fruits, gâteaux, fleurs, boules de farine et en flacons remplis d’essences odorantes, et Loba décochait ses flèches pointues, peu dangereuses mais pourtant sensibles, avec une cruelle sûreté.

Foix lui servait de cible de prédilection, cinq flèches déjà l’avaient atteint, et le sang rouge ruisselait de son front sur sa tunique blanche brodée d’or.

Déjà les créneaux étaient atteints, déjà les dames, se rendant aux vainqueurs, capitulaient sous les baisers, lorsque la porte s’ouvrit et Dame Vénus bondit à cheval, suivie d’une troupe d’amazones, à l’encontre de Foix et de ses hommes. Les guerrières les attaquaient et se défendaient avec des branches de roses, et furent bientôt entourées. Le vaillant Foix prit dame Vénus dans ses bras, la souleva de selle et l’emporta vers le château. Tandis que les pans de sa robe flottaient comme des ailes d’ange, les bras moelleux de la louve s’enlacèrent au cou du vainqueur et leurs lèvres s’unirent en un brûlant baiser.