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LOUP ET LOUVE

Après le repas, les seigneurs allèrent en hâte s’armer pour le tournoi, et les dames, vêtues de couleurs claires, des manteaux garnis de précieuses fourrures sur les épaules et les cheveux couronnés de fleurs odorantes, prirent place sur la tribune élevée dans la cour intérieure du château, pendant que les hérauts délimitaient le champ clos en enfonçant leurs lances dans le terrain mou et les reliant par des cordes. Les nobles juges de la lutte, de vieux chevaliers à barbe et à cheveux gris, avaient leur place sur une estrade réservée, recouverte de tapis. Au son des trompettes annonçant les divers champions, ceux-ci pénétraient dans la lice suivis de leurs pages et écuyers, et en faisaient le tour pour saluer les dames.

Le comte de Foix fut le premier à passer la barrière. Les hérauts lui adressèrent les questions d’usage, examinèrent son écusson et, finalement le déclarèrent sans tache, ayant servi fidèlement, l’Église et son pays, protégé les malheureux et témoigné aux dames le respect et l’amour qui leur sont dûs.

Foix, dont le destrier portait un long manteau brodé à ses armes, qui descendait presque à terre, ne laissant entrevoir que la tête et les jambes