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LA PANTOUFLE DE SAPHO

pher à la Burg, était un Autrichien. Il le fit venir dans sa loge, lui tapa familièrement sur l’épaule et prononça toutes sortes de paroles aimables, dans le débonnaire dialecte viennois. Mais lorsque, s’enquérant des conditions du poète, il apprit qu’il était fonctionnaire, l’Empereur arrêta net l’entretien et lui tourna le dos. À ses yeux, quand on servait l’État, écrire autre chose que des actes officiels constituait un délit. Aussi Grillparzer que la critique viennoise traitait sans bienveillance, n’eut, après comme avant, d’autres ressources que son talent et la faveur du public. Celle-ci, d’ailleurs, ne lui fut point ménagée ; l’Aïeule fut acclamée avant que les gazettes eussent eu le temps de formuler leur avis, et non moins chaudement après.

C’est en ce public si avisé et si vibrant, que Grillparzer mit toute son espérance lors de la mise à l’étude de Sapho, paraissant deux ans après l’Aïeule, et sa foi fut non moins inébranlable en la puissance dramatique de la Schrœder. Il savait que non seulement elle ne trahirait aucune de ses intentions de poète, mais que la plénitude de son jeu et la majesté plastique de ses mouvements infuseraient la vie à son héroïne. Il allait voir