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LOUP ET LOUVE

— Revenez à vous, fit Delphine en le saisissant résolument par le collet et en le secouant. Est-ce là le moyen de gagner les faveurs d’une grande dame ?

Pendant ce temps, Guillaume le jongleur se mettait à chanter :

D’amour la nature est telle
Qu’il rend plus sage l’homme sage
Et plus fol l’insensé.

Finalement, l’amoureux forcené se laissa choir mélancoliquement sur une pierre et parut réfléchir.

— Allons, venez toujours, lui dit la truande. Je parlerai pour vous à la louve.

— Non, non, elle ne doit pas me reconnaître, décida Vidal. Nous allons tous nous déguiser, il ne manque pas de beaux habits dans mes sacs. Toi, Delphine, tu vas monter, solennellement parée, sur le cheval de mon jongleur, et toi, Faidit, enfourcheras le mien, vêtus de mes plus beaux atours. Je prendrai tes haillons et passerai, assis sur votre baudet, pour ton musicien.

— Et moi ? réclama le jongleur.

— Toi, coquin, tu resteras aux enviions avec nos bagages, repartit son maître d’un ton de