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LOUP ET LOUVE

lampe perpétuelle aux pieds de la madone. La nostalgie m’a ramené après de longues années, pour tenter ma fortune.

— Voilà qui tombe magnifiquement ! s’écria Delphine.

— Donc, tu viens avec nous, conclut Faidit. Je te dirai que la louve a beaucoup changé, depuis qu’elle est veuve.

— Loba est libre ?

— Certainement. Depuis qu’elle règne seule et sans contrôle à Gabaret, le fier château est devenu le paradis des troubadours. Une fête succède à l’autre, les prétendants affluent attirés par la réputation de beauté de la châtelaine, des seigneurs, des comtes, des princes ! Mais la louve ne les écoute point et, à tous les nobles chevaliers, préfère un pauvre chanteur.

— Un chanteur ! qui cela ? s’exclama Vidal troublé.

— Raimond. Tu ne le connais pas. C’est un jeune blanc-bec, Raimond de Miraval.

— Je l’étranglerai, le coquin ! cria Vidal qui, sautant de cheval, tira son épée et se mit à frapper de gauche et de droite les buissons, se démenant comme un forcené.