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LOUP ET LOUVE

— Nous parcourons le pays à cheval, à âne ou à pied. Si je gagne, en chantant, quelques oboles, mon amie m’aide à les dépenser. Alors elle met du velours et des fourrures comme une dame. En ce moment, elle court nu-pieds, comme tu vois, car nous en sommes redescendus à l’âne.

Delphine se mit à rire avec l’exubérance d’un enfant, découvrant deux superbes rangées de dents blanches.

— Et, où allez-vous à présent ?

— Chez la généreuse suzeraine de Gabaret, fit Delphine avec vivacité, la belle Loba, la louve de Penautier. Nous accompagnez-vous ?

— Chez Loba ? répéta Vidal. Elle vit donc encore, toujours aussi fière sans doute et distante, aux côtés de son époux ? J’avais l’intention de rendre visite à Gabaret, mais maintenant je change mon plan.

— Comment, tu la fuis ? s’étonna Faidit. N’est-ce donc pas vrai, ce qu’on dit, que tu l’aimais quand elle était jeune fille ?

— Si je l’aimais ! et comment ! soupira Vidal, tandis que dans ses yeux s’allumait une flamme inquiétante d’enthousiasme fanatique, lui donnant l’aspect d’un insensé. Je ne suis qu’un