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LA PANTOUFLE DE SAPHO

Chemin faisant, Sophie ne put s’empêcher de repenser au Polonais.

« Il m’intéresse, s’avouait-elle. Il est beau, ses manières sont nobles et il a certainement bon cœur. Mais je ne suis pas dans l’âge où l’on recherche les adolescents !

Il n’est pas assez viril, il lui manque d’être un homme et, à moi, d’être Sapho. Je pourrais difficilement l’aimer. Et lui ? Espérons qu’il sera raisonnable et ne se jettera pas dans le Danube. »

L’Autriche ne possédait encore, à ce moment, aucune littérature digne de ce nom et qui méritât de fixer l’attention de l’Europe. Les œuvres dont on s’occupait dans la ville impériale, étaient d’importation étrangère, comme Frédéric Schlegel et Zacharie Werner. L’empereur Franz, qui eût volontiers entouré son trône nouvellement redoré après tant de difficultés et de luttes, de noms illustres et glorieux, témoigna une joie qui ne lui était pas habituelle en des circonstances de ce genre, en apprenant que l’auteur de l’œuvre qui venait de triom-