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LOUP ET LOUVE

têtes, parmi les branches de noisetiers couronnant les abruptes rochers. Ils levèrent les yeux, tout surpris, et aperçurent un homme pauvrement vêtu qui, se tenant les côtes, les saluait avec empressement.

— Vidal, cria-t-il tout à coup, fleuron de la couronne des troubadours, Peire Vidal, parangon de toute folie, comment te trouves-tu là ? Je te croyais gisant depuis longtemps en quelque campo-santo italien, ton excentrique cerveau faisant sortir de terre des fleurs aussi folles et étranges que les bizarres inspirations qui t’en poussaient vivant.

— C’est toi, Faidit ? repartit le troubadour, et un sourire passa de l’un des coins de ses lèvres à l’autre.

— Oui, moi, Gauvelon Faidit ! cria l’homme d’en haut en frappant joyeusement dans ses mains. Quel revoir ! Mais nous allons descendre. Attends-nous.

Faidit disparut parmi les buissons, pour reparaître, accompagné d’une jolie, mais hardie jeune femme, à l’entrée de la gorge. Il secoua cordialement la main de son ancien ami.

— Et que devient-on, mon vieux ? demanda celui-ci.