nègre la suivait, portant une coupe. Elle la prit, puisa de l’eau à la fontaine jaillissante et s’approcha du pal avec vivacité.
— Tu meurs pour moi, dit-elle tout bas en langue polonaise, et moi je mourrai pour toi. Voici, je t’offre la mort.
Elle toucha de ses lèvres, le bord de la coupe, puis la tendit au condamné.
Il but.
Aussitôt l’agonie commença.
Marie se tint auprès du pal, avec une dignité qui en imposa même au sauvage despote, jusqu’à ce que son amant eût rendu le dernier soupir.
— Il est mort, dit l’un des nègres qui faisaient la garde.
— Dieu soit loué, il est mort, répéta Marie.
Elle fit deux pas et tomba sans connaissance. Son front alla heurter les dalles et les teignit de sang.
La même nuit, Marie fut prise d’une fièvre violente. Toute l’hermine dont son maître, qui l’aimait plus passionnément que jamais, la cou-