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LA FONTAINE AUX LARMES

qui n’était en somme qu’un esclave. Il ne resta que deux eunuques, faisant la garde, leur yatagan à la main.

Les heures s’écoulèrent une à une, Marie était toujours assise derrière le treillage, les yeux fixés sur le mourant, qui ne pouvait mourir et, de temps en temps, seulement, poussait un douloureux gémissement trahissant l’épouvantable torture.

Elle le regardait, immobile, les yeux secs, et parfois frissonnait en serrant sa pelisse plus étroitement autour de ses épaules.

Lorsque le soleil s’inclina sur les collines de Bakhtchissaraï, le Khan s’approchant de Marie, lui dit d’une voix tremblante :

— Descends vers lui, dans la cour, et donne-lui de l’eau.

Elle le regarda, surprise.

— Fais ce que je te dis, son supplice prendra fin.

— Comment cela ?

— Aussitôt que l’eau humectera ses lèvres, il mourra.

Marie se leva et descendit, accompagnée du Khan, lentement, à travers les jardins, le harem et le palais, jusqu’à la grande cour. Un enfant