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LA FONTAINE AUX LARMES

prisonnier que les eunuques avaient étendu à ses pieds.

Marie détourna la tête.

Le lendemain, le Khan se rendit dans le kiosque, avec ses femmes à une heure inusitée. Tandis que les puériles beautés, qui avaient revêtu leurs habits de fête pour le spectacle rare, attendaient, dans leurs caftans verts, rouges, bleus ou jaunes, bordés d’hermine ou de zibeline, sur de moelleux coussins, buvant du café, fumant et riant, Kerim Gireïs se tenait immobile et sombre au milieu d’elles, le regard menaçant fixé sur les nattes qui recouvraient le marbre du parquet.

— Où donc reste Marie ? demanda-t-il enfin à Kiamil, qui se tenait également immobile comme une statue, auprès de la porte. Amène-la au péril de ta vie.

Le nègre disparut. Après quelques instants, la Comtesse entra. Elle était d’une pâleur mortelle et s’enveloppait, frissonnante, dans sa pelisse d’hermine. Le Khan alla au-devant d’elle, lui offrit la main et l’amena près de la grille, où elle s’assit.

— D’ici, tu verras tout parfaitement, dit-il d’une voix mate. Puis il frappa dans ses mains.

Dans la grande cour, que le regard embrassait