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LA FONTAINE AUX LARMES

l’impression subie, il courut au cimetière et se laissa tomber sous un noyer.

Il y resta jusqu’à ce que le Khan suivi du seul eunuque, sortit de la mosquée et se dirigea vers les tombes.

Alors le Polonais se prosterna le visage contre terre devant le puissant seigneur, qui s’arrêta, si près que l’esclave se sentit frôler par le bord de son caftan.

— Quel est ce jeune homme ? entendit-il demander.

— Un esclave, maître, que j’ai acheté récemment.

— Lève-toi, commanda le Khan.

Le jeune homme se releva et se tint, les bras croisés sur sa poitrine, tremblant sous le regard qui le considérait.

— Il me plaît. Que t’a-t-il coûté ?

Le nègre accusa le double de la somme payée.

Le Khan acquiesça de la tête.

— Fais-toi rembourser la somme et envoie l’esclave travailler à mon service dans le jardin.

Il passa. Le jeune homme avait changé de maître pour la troisième fois. À partir de ce jour, il travailla matin et soir sous la direction d’un