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LA FEUILLE BLANCHE

— Je ne me trompe point.

— Mais puisque je t’assure…

— Dis-moi ce que tu as sur le cœur, fit la comédienne d’un ton décidé, sans quoi je recommencerai à douter de ta confiance et, avec elle, de ton amour.

— La feuille blanche ne suffit donc pas ? repartit Renaud.

L’air dont il venait de prononcer ces paroles semblait étrangement, forcé, et la petite Gaussin dressa l’oreille. De plus, Saint-Renaud avait laissé échapper un soupir, après les avoir prononcées. Elle savait désormais ce qu’elle voulait savoir. Saint-Renaud avait peur, il vivait dans l’angoisse qu’elle pût faire un mauvais usage de la signature, et c’est cela, cela seul qui lui prenait son repos, son amabilité, son appétit et jusqu’à son sommeil.

Un diabolique sourire passa sur la piquante physionomie de la comédienne. Ses grands yeux clairs se fixèrent sur l’aimé avec une expression pleine, à la fois, de mépris et de menace. Les bras croisés, elle se promena de long en large dans la chambre, les talons rouges de ses mules frappant le parquet d’un mouvement irrité.

Enfin, elle se laissa choir négligemment sur un