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LA FEUILLE BLANCHE

Saint-Renaud se leva avec un soupir et vint s’agenouiller aux pieds de sa maîtresse.

— Bien, maintenant passons à l’interrogatoire.

— Un interrogatoire ?

— Oui, et, de la manière dont tu vas confesser tes fautes et exprimer ton repentir, dépendra ta grâce ou ta condamnation.

— Et alors ?

— M’aimes-tu encore ? commença la petite.

— De tout mon cœur.

— Pourquoi donc viens-tu si tard ?

— Je n’ai pas le temps.

— Autrefois, tu l’avais.

— Parce que j’avais moins à faire.

— Non, parce que tu m’aimais, exclama, pâlie, la Gaussin d’un air boudeur.

— Je t’aime plus que jamais, protesta Saint-Renaud, mais mes devoirs se sont multipliés.

La petite Gaussin haussa les épaules.

— Ne suis-je pas moi-même assez puni, quand je suis retenu ? continua le fermier général, et n’est-ce pas injuste, ou tout au moins cruel, de m’en vouloir ?

» Oui, c’est un manque de cœur et une cruauté, car je te prouve à toute heure, oui, à toute heure,