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EAU DE JOUVENCE

Ipolkar, le cruel favori de la cruelle femme, parut également et considéra son rival voué à la mort, avec une expression de sanguinaire dérision. Puis il fit jouer un ressort. Avec un bruit de ferraille, le mur s’entr’ouvrit, et une superbe femme, construite en acier et brillante comme un clair miroir, s’avança dans la chambre.

— Voici la fiancée que je t’ai destinée, dit la Comtesse avec un rire de démon.

— Pitié ! supplia Emmerich saisi d’une terreur mortelle. Pitié !

— Je veux mon bain, Ipolkar, commanda la Comtesse, sans prêter la moindre attention à l’angoisse de son ami. Dépêche-toi.

Ipolkar empoigna le malheureux avec une force surhumaine. Il le souleva et le plaça entre les bras de la femme de fer, laquelle saisit et retint le fardeau.

Puis il posa le pied sur un bouton du plancher, et la belle, inanimée commença son œuvre : des centaines de lames d’acier sortirent de sa poitrine, de ses bras, de ses jambes et de ses pieds, déchiquetant les membres du pauvre Emmerich, qui voyait son sang s’écouler lentement en ruisseaux de pourpre, au milieu des éclats de rires mo-