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EAU DE JOUVENCE

rajeunie. Depuis lors, je me baigne chaque nuit de pleine lune dans du sang humain.

— Les jeunes filles qui te servaient ont donc vraiment été tuées ?

— Oui, pour me procurer l’éternelle jeunesse, fit la Comtesse froidement.

— Et tu veux, aujourd’hui encore…

— Me baigner dans du sang humain, certainement.

— Et quelle est la victime ?…

— Le sang où je me plongerai reprit le démon, avec un sourire qui fit se glacer le bel amoureux à ses pieds, ce sang coule dans tes veines.

— As-tu perdu l’esprit ?

— C’est toi qui l’as perdu en te livrant à moi, dit-elle en se redressant. Je ne connais point de pitié, tu le sais. Maintenant, tu m’appartiens, et rien ne te sauvera. Tu préférais mourir plutôt que de vivre sans moi, ton désir va s’accomplir et cela sur-le-champ.

Elle fit un signe. Des hommes masqués surgirent par une porte secrète. Ils s’emparèrent du pauvre enfant, qui se débattit en vain, et lui lièrent les mains et les pieds.