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EAU DE JOUVENCE

La nuit de pleine lune arriva. La Comtesse fit appeler Isabelle.

Elisabeth était étendue sur des coussins de soie. Auprès d’elle, se tenaient deux vieilles femmes, affreuses à voir, et qu’Isabelle prit pour des sorcières.

— J’ai pensé à t’accorder une grande faveur, Isabelle, commença la Comtesse d’un ton amical. J’ai de l’affection pour toi et je veux t’initier aujourd’hui même dans le secret de ma jeunesse et de ma beauté. Je t’autorise à m’accompagner cette nuit à mon bain.

— Je vous remercie, très haute et gracieuse dame, répondit Isabelle d’une voix que l’angoisse étouffait, je vous rends grâce de la faveur, mais je n’en puis profiter. Ma conscience s’y oppose.

— Ta conscience ?

— Chrétiennes, nous n’avons point le droit d’intervenir dans la marche du temps, poursuivit la jeune fille et, si nous le faisons, ce ne peut être sans péché ni sacrilège.

La Comtesse lui jeta un regard foudroyant.

— Tu crois ? murmura-t-elle. Eh bien, je t’ordonne…

— Votre pouvoir s’arrête ici, interrompit la