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EAU DE JOUVENCE

Comtesse était seule. Emmerich en profita pour aller vers elle.

— Qui t’a permis de me déranger ? lui dit Elisabeth, lorsqu’il s’agenouilla devant elle et couvrit ses mains de baisers.

— Il y eut un temps où ma société vous était agréable, remarqua Emmerich.

— Ce temps n’est plus, dit-elle avec un froid sourire. Si tu veux t’en retourner à Vienne, je ne te retiens pas.

— Elisabeth ! tu me bannis de ta présence ? tu me chasses, moi qui t’ai aimée comme aucun homme encore n’a aimé, moi qui ne puis pas vivre sans toi ? S’écria l’aveugle garçon. Attache-moi à un cerf, comme ce braconnier, et fais-moi traquer à mort, mais ne me renvoie pas. Si je dois mourir, laisse, en mourant, mes yeux se délecter de ta beauté, qui m’enivre et me rend fou.

— Tu voudrais mourir pour moi ? murmura la Comtesse en considérant Emmerich avec une expression étrange, dirais-tu vrai ?

— J’en fais serment. Si tu ne veux être à moi, je préfère mourir à tes pieds.

— Enfant ! reprit la Comtesse avec un sourire.

Elle lissa les boucles qui tombaient en désordre