allusion, fit son apparition au château. Il se nommait Ipolkar. Son corps et son visage étaient doués de la sombre et troublante beauté d’un ange déchu. Personne ne pouvait soutenir son regard. Quand il le posait, avec une ironique complaisance, sur Emmerich, celui-ci se sentait trembler comme une feuille.
Un jour, Emmerich surprit Ipolkar et la Comtesse, qui revenaient d’une promenade à cheval, échangeant quelques paroles dans la cour. Elisabeth disait :
— Il me faut à tout prix des jeunes filles. Les dernières se sont enfuies. Qui donc me servira ?
— Tu sais que j’ai inutilement parcouru toute la Hongrie pour te fournir ce que tu demandes, répondit Ipolkar, ici, dans les environs, tu n’en trouverais pas davantage. Pour le peuple, entrer à ton service équivaut à mourir. Mais n’as-tu pas le jeune homme ?
La Comtesse allait répondre, lorsqu’elle aperçut Emmerich et se tut. Ipolkar descendit de cheval, la Comtesse prit son bras et l’accompagna au jardin, sans accorder à son jeune adorateur la moindre attention.
Vers le soir, Ipolkar quitta le château. La