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EAU DE JOUVENCE

partie de mes bijoux, répondit la Comtesse d’un ton froid.

Quelques jours après, Emmerich rencontra Isabelle dans un couloir. Celle-ci l’arrêta et lui prit les deux mains :

— Nous sommes dans l’antre d’une tigresse, chuchota-t-elle. Giselle n’est pas une voleuse, Giselle ne s’est pas enfuie…

Une porte s’ouvrit. Isabelle quitta le jeune homme sans achever sa pensée.

Des mois s’étaient écoulés depuis l’énigmatique disparition de Giselle, les rangs des jeunes filles qui servaient la comtesse Nadasdy, s’étaient sensiblement éclaircis.

Emmerich le remarquait avec un frisson d’horreur. Mais son amour était devenu du délire. Il ne pouvait plus concevoir l’idée de vivre loin d’Elisabeth. Il lui était asservi corps et âme, pour le mal comme pour le bien.

La belle et impitoyable femme se servait de la jalousie, pour exciter encore sa passion maladive. C’est alors que celui à qui Giselle avait fait