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EAU DE JOUVENCE

comptez, chez la femme qui vous tient dans ses griffes, ni sur de l’amour, ni sur de la pitié. Fuyez aussitôt que vous pourrez.

— La Comtesse est orgueilleuse et même cruelle, repartit Emmerich, mais quel malheur me menacerait de sa part, moi qui ne suis point à son service et coupable d’aucun crime ?

— Vous aimez la Comtesse, reprit la jeune fille avec angoisse, mais je me flatte que vous me voulez quelque bien.

— Plus que cela, Giselle, murmura Emmerich en l’attirant, malgré sa résistance, contre sa poitrine.

— Si cela est vrai, fuyez, fuyez avec moi ! Je vous aime, elle ne vous aime pas. J’ignore quelles sont ses intentions avec vous. Ce ne peut être que quelque chose d’affreux. Arrachez-vous d’elle, elle n’a point de cœur.

— Elle m’aime, affirma Emmerich.

— Elle ? Giselle partit en un sauvage éclat de rire. Elle appartient à un autre, à un monstre comme elle. Gardez-vous de lui !

— Tu te trompes, Giselle, l’amour te rend injuste.

— Si tu ne viens pas à mon secours, Emmerich,