telaine mordait son frein en se cabrant. Les valets d’écurie avaient peine à le tenir. Elisabeth parut bientôt en amazone de velours vert, une toque hongroise ornée d’une plume de héron posée sur ses boucles sombres, descendant l’escalier du perron.
Emmerich lui tint l’étrier. Elle lui donna une tape sur la joue et s’élança gracieusement en selle.
En magistrales enjambées, le coursier la porta par-dessus le pont-levis, le long de la côte, jusqu’à la plaine bordée au loin par la frondaison verte des forêts.
Ses gens la suivaient de près. Au pied de la colline, un groupe de gardes-chasse et de piqueurs attendaient. Au milieu d’eux, Emmerich aperçut un cerf sur le dos duquel était attachée une forme humaine.
— Que signifie cela ? balbutia-t-il, atterré.
— Cela signifie une chasse comme tu n’en as jamais vue, lui répondit la comtesse. Le braconnier qu’on a capturé hier est attaché sur le cerf, nous allons le poursuivre avec nos chiens jusqu’à ce qu’il rende l’âme.
— Pardonnez-moi, Madame, dit Emmerich, de ne pas prendre part à ce cruel plaisir. Si le coupable mérite la mort, tuez-le sans le torturer.