vêtue, une peau de bête sur les épaules et la lance à la main, était placée dans un bosquet, comme dans une niche.
« Et quel service puis-je te rendre ?
— J’ai une prière à te faire.
— Pourquoi pas un ordre à me donner ?
— Parce que je veux que tu sois mon ami et non mon esclave.
— Alors ?
— Je dois partir après-demain pour Kiew ; veux-tu m’accompagner ?
— Tu parais avoir le dessein de me rendre aujourd’hui tout à fait heureux.
— Alors, tu viendras avec moi ?
— Certainement ! Et combien de temps penses-tu rester là-bas ?
— Peut-être jusqu’au printemps.
— C’est ravissant !
— J’ai à mettre en ordre d’importantes affaires de famille, qui me retiendront là-bas quelques mois au moins.
— As-tu un logement ?
— Je demeurerai chez une vieille tante, qui a une petite maison. Je serai bien gardée ; mais c’est justement à cause de cela que j’aurai encore besoin de la protection d’un homme. Veux-tu être mon chevalier ?
— Tu me le demandes ? s’écria Zésim. Oh ! comme tout à coup le monde me paraît beau ! Comme l’avenir est riant ! Je me réjouis comme un enfant de ces intimes soirées d’hiver passées avec toi devant la cheminée.
— Tu seras content de moi, dit Dragomira, mais promets-moi de ne pas troubler le repos de mon âme.
— Je m’efforcerai d’être aussi froid que toi.
— Je ne suis pas froide ; et toi, tu ne dois pas être froid, pas plus que tu ne dois être ardent. Une douce chaleur, voilà la plus agréable température. »
Au souper, Dragomira leva son verre et but à Zésim ! à l’avenir ! Quand vint le moment du départ, Dragomira demanda sa jaquette de fourrure, qui était restée dans la calèche ; Zésim la lui apporta et l’aida à s’en revêtir. Puis il mit la mère et la fille en voiture et recommanda au cocher d’être bien prudent.
« Alors, à après-demain, dit Dragomira, dans l’après-midi ; je viendrai te prendre.
— Si tu veux. »