sûreté, on fera tout ce qu’il faut pour mettre cette bande d’assassins hors d’état de nuire. Au surplus, elle se le tient pour dit et a peur pour le moment ; elle ne se risquera pas de sitôt à commettre quelque nouvel assassinat. Alors voulez-vous me suivre ?
— Je suis prête, dit Anitta.
— Eh bien, en route, dit Zésim, nous n’avons pas de temps à perdre. »
Il aida Anitta à remettre sa pelisse, la précéda en descendant l’escalier, et lui donna la main pour monter dans le traîneau qui attendait. Pour prévenir toute trahison, il congédia le cocher et ordonna à Tarass de prendre sa place.
« Où ? demanda le Cosaque d’un clignement d’yeux.
— D’abord à la police. »
Le traîneau se mit en marche. Tarass prit en apparence la direction du bâtiment de la police ; mais une fois dans la rue voisine, il fit un détour, et partit au galop pour Kasinka Mala par la route qui passe à Chomtschin.
Zésim et Anitta, appuyés l’un contre l’autre, étaient silencieux et immobiles, comme dans un rêve. Ils avaient tant à se dire ! et ils ne trouvaient aucune parole.
Zésim tenait la main d’Anitta dans la sienne ; il sentait sa tiède haleine. La bien-aimée était près de lui ; cela lui suffisait pour être absolument heureux.
Il faisait encore nuit quand ils arrivèrent à Kasinka.
La maison qui appartenait à Kachna Beskorod, la nourrice de Zésim, semblait faite exprès pour cacher un secret. Située à l’entrée du village, à l’écart de la route, elle était isolée au milieu d’un grand verger enclos d’une haute haie.
Tarass s’arrêta devant la porte, remit les guides à Zésim et passa par-dessus la haie pour attirer l’attention aussi peu que possible.
Un chien de garde s’élança sur lui avec des aboiements furieux ; mais Tarass, grâce à quelques bons coups de fouet, réussit à le tenir à distance. Il arriva à la maison, frappa à la fenêtre et éveilla Kachna.
« Qui est là ? demanda-t-elle.
— Ton jeune maître.
— Qui ?
— Zésim Jadewski.
— Serait-ce possible ? Si tard ! Il lui est arrivé quelque chose ? J’ouvre tout de suite. »