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XIII

TISSU DE MENSONGES

Le mal s’apprend facilement, le bien difficilement.
Proverbe chinois.

Le lendemain matin, de bonne heure, M. Monkony vint avec sa fille au bureau de police. Henryka, pâle et les yeux enflammés, s’était laissée tomber sur une chaise. Elle déclara que la veille au soir elle était allée à Myschkow avec Bedrosseff et Mirow ; qu’ils avaient été attaqués par des inconnus masqués, et que ceux-ci s’étaient emparés de Bedrosseff et de l’agent.

On lui adressa différentes questions auxquelles elle répondit avec calme et netteté.

À l’occasion d’une visite que Bedrosseff avait faite à Dragomira, dit-elle, les deux amies s’étaient offertes à lui par badinage en qualité d’agents. Ils étaient donc partis tous, habillés en paysans, pour Myschkow, dans le traîneau de Doliva. À peu de distance du cabaret, ils avaient été attaqués par une troupe de cavaliers qui portaient des masques sur la figure ; ils avaient forcé Bedrosseff et l’agent à descendre du traîneau, les avaient garrottés tous les deux et les avaient emmenés, en ordonnant au cocher de retourner à Kiew.

On avait interrogé le paysan Doliva qui avait fait exactement la même déclaration.

Le chef de la police se mit en route avec plusieurs employés, Doliva et un piquet de cosaques. Ils trouvèrent la porte du cabaret fermée et firent sauter la serrure pour entrer. Il n’y avait personne. Évidemment, la cabaretière avait gagné le