XI
CHASSE À L’HOMME
Après avoir fait plusieurs tentatives pour rencontrer Dragomira, Zésim lui envoya une lettre de reproches. Elle lui répondit dans un style passablement ironique, en l’invitant à venir dans l’après-midi. Il arriva au moment où le jour baissait. Elle vint à sa rencontre avec un rire sonore, plus belle et plus séduisante que jamais.
« Encore une fois jaloux, mon ami ? lui dit-elle d’un ton badin et comme une femme sûre d’avoir raison.
— Tu sembles éprouver du plaisir à me voir souffrir, répondit Zésim.
— Non, certes non, dit-elle. En somme, tu n’as pas le droit de m’accuser. Je t’ai dit loyalement ce que tu as et ce que tu n’as pas à attendre de moi. Lorsque nous revenions de Myschkow, je t’ai sincèrement donné ma main, pour toujours, mais à des conditions bien déterminées, que tu n’observes pas, parce que tu n’as pas pleine et entière confiance en moi.
— Cependant, Dragomira… s’écria Zésim, en l’entourant de ses bras et la serrant contre sa poitrine, mais je t’aime tant ! Aussi…
— L’amour a confiance, répondit-elle, et tu te tourmentes, et tu me tourmentes moi aussi, avec tes imaginations.
— Tes relations avec le comte…
— C’est nécessaire. J’ai une tâche sérieuse à remplir envers lui.
— Toujours les mêmes motifs, les mêmes prétextes.