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LA PÊCHEUSE D’AMES.

quelques jours, il respira. Son cher parent donna immédiatement sans plus de façons l’ordre d’aller chercher sa malle à l’hôtel.

« Maintenant, par quoi commençons-nous ? dit-il une fois installé ; avant tout il faut un programme.

— Fais à ton idée.

— Voici pour aujourd’hui. D’abord dîner au club. Puis une petite partie. Ensuite théâtre. Que joue-t-on ?

— La Traviata.

— Parfait ! s’écria Tarajewitsch ; après l’opéra, nous allons aux Tziganes. Il paraît qu’il y a avec eux une femme magnifique, Zémira. Est-ce que tu ne la connais pas ?

— J’en ai entendu parler.

— Belle ! sauvage ! Une panthère humaine, la bayadère pur sang ! »

Soltyk commençait à se réconcilier avec le programme de son cousin. Une belle femme valait toujours la peine qu’on se dérangeât pour aller la voir. Ils dînèrent au club, puis commencèrent une partie de makao. Tarajewitsch eut un jeu si extravagant que Soltyk sentit la mauvaise humeur lui venir ; et cédant au mécontentement et à l’ennui, il finit par donner le signal du départ. Tarajewitsch s’attacha à son bras, mis en belle humeur par le vin, et les poches pleines d’argent.

Ils s’habillèrent et se rendirent au théâtre.

Tarajewitsch se conduisit comme un fou. Il lança sur la scène un cornet de bonbons à la prima donna, et cria bis après chaque morceau.

Soltyk se sentit littéralement soulagé quand ils furent de nouveau en voiture et qu’ils partirent pour les Tziganes.

« Écoute un peu, dit-il à Tarajewitsch, prends bien garde à ne pas faire l’extravagant avec les jeunes Tziganes. Elles sont coquettes, à ce qu’on dit, et ne demandent pas mieux que de recevoir des compliments ; mais leur vertu est hors de doute. La moindre bévue qui t’échappera fera scandale, si le poignard de leurs noirs chevaliers ne s’en mêle pas.

— Je sais, je sais, » marmotta Tarajewitsch.

Le café où ils arrivèrent était un grand kiosque oriental, décoré comme un palais des Mille et une Nuits. La partie centrale de la rotonde figurait une espèce de salle de danse, où un orchestre de Tziganes jouait des airs d’une mélancolie sauvage. Le long des murs, sous des palmiers et autres plantes des pays chauds, régnait une longue rangée de divans bas et