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NOUVELLES MINES

Maintenant, à l’aide, formules magiques et amulettes !
SHAKESPEARE, Henri IV.

C’était un petit cabinet intime que celui où Bedrosseff reçut le jésuite. Il lui tendit la main et lui offrit un cigare que Glinski prit et alluma ; puis ils s’assirent l’un près de l’autre sur un petit sopha de cuir et causèrent.

« Je viens vous parler d’une affaire très délicate, dit le jésuite doucement, et je compte sur votre discrétion.

— J’espère que vous la connaissez. S’agit-il de quelque nouveau tour de votre comte ? Faut-il arriver comme un ange sauveur ?

— Ma foi, il s’agit bien de quelque chose comme cela. Le comte Soltyk est possédé depuis quelque temps par une passion insensée pour une jeune dame, qui est certainement de bonne famille et qui pourrait à la rigueur lui faire une femme convenable. Mais elle est dangereuse pour lui à un autre point de vue.

— Quelle est cette dame ?

— Une demoiselle Maloutine.

— Dragomira ?

— Vous la connaissez ?

— Si je la connais ? Je connais ses parents ; elle, je la connais dès l’enfance, et je suis même en relation avec elle, ici ; à Kiew.

— Ainsi, vous la connaissez bien ?

— Oui. »

Glinski regarda le commissaire de police bien en face.